Essentielles pour la survie et l’endurance des soldats sur le terrain, les rations militaires sont bien plus que de simples repas. Parfois, les militaires font preuve d’ingéniosité pour retrouver du plaisir en mangeant.
Par Jules Bourbotte et Arthur Charlier
Le contenu de la ration s’échange sur le terrain en fonction des goûts et des préférences de chacun. Jules BOURBOTTE/EPJT
Composition d’une ration de combat individuelle réchauffable pour 12 heures. Jules BOURBOTTE/EPJT
Bien sûr ce régime s’adapte aux situations rencontrées par les soldats. Différents types de ration sont donc déclinables selon le contexte. Les soldats évoluant dans des milieux alpins se verront dotés de ration lyophilisées, plus légères et nécessitant de l’eau présente en quantité sous forme de neige. La ration de fête propose un repas de meilleure qualité aux soldats en mission à Noël ou Pâques.
En cas d’urgence, « il existe une ration d’alerte, au fond du sac, précise le lieutenant Loïck. On ne peut y toucher que sur ordre, c’est spécifique à la mission ». En déplacement groupés, les soldats peuvent également se voir distribuer les sachets beurk. « C’est froid et ça porte bien son nom », résume brièvement le lieutenant Maxime.
Même si les rations françaises sont considérées comme les meilleures du monde, les soldats déployés en mission pendant parfois plusieurs mois, se lassent assez vite. « Parfois, on mange pendant trois mois des rations, se souvient le lieutenant Swan. On s’y habitue, mais on en a marre. Manger une pizza ça devient un repas gastronomique. » Les dotations en nourriture sur le terrain tendent à varier depuis plusieurs années mais de l’aveu du lieutenant Loick, « on reçoit encore parfois des palettes entières du même menu ».
Le ministère des armées décrit la ration pour 24 heures comme se composant de deux plats à réchauffer et d’un hors d’œuvres ainsi que d’une multitudes de produits complémentaires.
Composition d’une ration de combat individuelle réchauffable pour 24 heures. Jules BOURBOTTE/EPJT
Complément personnels
Malgré des apports nutritionnels forts et la variété des menus, les soldats ont besoin d’ingrédients supplémentaires pour booster leur quotidien. « Au Mali, manger de la paëlla pendant un mois, c’était juste pas possible », affirme le lieutenant Loick. Dans ce genre de conditions, les troupes emmènent avec elles des « amélios ».
En terrain, la culture du local
Les améliorations des soldats sont souvent emportées depuis le pays d’origine. C’est le cas de l’arôme Maggi, un « incontournable dans tout ce qu’on mange pendant un terrain », confie le lieutenant Kenny. Une fois les ressources vides ou les envies de changement, les militaires font bonne figure et profitent de leur déplacement pour en apprendre davantage sur la culture culinaire locale. « En Centrafrique en 2014, on allait sur le marché pour chercher des amélios. On achetait des produits locaux. On trouvait des fruits, des légumes, du poulet, du riz. Mais ça nous faisait mal aux intestins », s’en amuse encore le lieutenant Kenny.
En Centrafrique, il a même vécu la mise en place d’un marché par la force armée, un dispositif onéreux et rarement déployé. Il s’agit d’un endroit ouvert à la population locale qui souhaite aider les soldats dans leur mission en apportant des provisions. « Le but de ce marché local est de contrôler tout ce qui entre. Parce qu’on n’est jamais à l’abri de recevoir des produits empoisonnés ou avariés », détaille-t-il. Ce genre d’opérations comme celle en Centrafrique, il y 9 ans, permet aux soldats français de découvrir la culture locale. « On a voulu tester des plats du pays, des épices qui changent. On a regretté le lendemain », s’amuse-t-il.
Jules Bourbotte
@jules_brbt
22 ans.
Etudiant en journalisme à l’EPJT. Passé par, Télérama, La Voix du Nord et Le Courrier Picard. Se destine au journalisme socio-culturel.
Arthur Charlier
@ArCharlier 22 ans. Étudiant en journalisme à l’EPJT, spécialité presse écrite. Passé par Libération, Le Républicain Lorrain et SoFoot. Attiré par la cuisine et les questions de société. Aimerait travailler en presse écrite et faire des interventions en radio.